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Tiny House : la maison nomade fait de l’œil aux sédentaires

10 mars 2020

Alors que la surface habitable par habitant a presque doublé en 3 décennies, un phénomène tout droit venu d’Outre Atlantique déferle sur l’Europe : la Tiny House. Ces micro-maisons nomades répondent à une tendance actuelle : le minimalisme. Si au Luxembourg, le marché de la Tiny House est anecdotique, aux USA, il ne cesse de croître. Focus sur ces petites maisons qui font beaucoup parler d’elles.

Tiny House : l’immobilier de poche made in USA

Fondée en 1999 à l’initiative du designer Jay Scheffer, Small House Society est connue pour être la première entreprise à concevoir et vendre des Tiny Houses. Le concept est simple, répondre aux besoins élémentaires d’un habitant, voire d’un couple et lui assurer un certain confort au sein d’un espace réduit. Dans un pays où le mobil-home est très prisé, la tiny house ne tarde pas à susciter de l’intérêt auprès des amateurs de nomadisme.

Parmi les spécificités des Tiny Houses, on retrouve le châssis monté sur roues. Si aujourd’hui, de plus en plus de modèles sont voués à une utilisation sédentaire, à l’origine, la Tiny House devait pouvoir être tractée. Les propriétaires pouvaient ainsi s’établir sur un terrain privé ou dans un camping au gré de leur envie. La superficie et la mobilité de la construction les dispensaient de permis de construire ou de taxe d’habitation.

Un idéal devenu nécessité

C’est en 2005 que le concept attire une autre population, cette fois, plus précaire. En Louisiane, l’ouragan Katrina vient de dévaster des milliers d’habitations, les habitants doivent fuir les lieux, laissant derrière eux leur maison. Beaucoup ne reviendront pas.

3 ans plus tard, la crise des subprimes sévit. De nombreuses familles se retrouvent dans l’incapacité de payer leur emprunt dont les traites ne cessent d’augmenter. La Tiny House s’impose alors comme solution abordable pour retrouver un logement décent. C’est à cette époque que les ventes se multiplient. Aujourd’hui, les ventes de petites maisons mobiles représentent 1 % des ventes immobilières aux USA.

Souci d’économie et éco-conscience ne font qu’un

Au Luxembourg, les prix de l’immobilier ont subi une hausse de 16 % entre 2015 et 2018, avec une forte progression en 2017-2018, atteignant 5.9% pour les maisons anciennes, 6.8 % pour les appartements anciens et de 6.2 % pour les appartements en construction (source Observatoire de l’Habitat).

Aujourd’hui, le prix moyen du m2 se négocie à Luxembourg Ville entre 4 879 € et 10 256 € selon les prestations offertes et la qualité de l’environnement. Il est à peine plus bas dans les communes périphériques de la capitale. Un appartement neuf à Bertrange ou Strassen coûte en moyenne 6 800 € du m2 dans l’ancien et 8 000 € dans le neuf.

Après une ère de la surconsommation qui a mené à construire des logements toujours plus grands, les prix, mais aussi une conscience écologiste, poussent les candidats à l’achat immobilier à revoir leurs prétentions à la baisse.

Alors qu’en Europe, un tiers de la population vit dans un logement trop grand, le concept de la Tiny House s’inscrit dans une mouvance écoresponsable liée au minimalisme. Si les prix de l’immobilier sont clairement un frein à l’accession à la propriété pour une grande partie de la population, ils ne sont plus l’unique raison d’un regain d’intérêt pour les petites superficies.

La tiny-house, dernier espoir des jeunes générations ?

Difficile pour le jeune actif de devenir propriétaire sans s’éloigner de Luxembourg-ville quand le prix d’un appartement de 100 m2 s’élève à plus de 650 000 €. Avec un apport personnel oscillant entre 10 et 20 % selon les banques, acheter jeune relève presque pour certains du fantasme.

La Tiny House pourrait être une solution pour les personnes souhaitant devenir propriétaires sans passer par la case location. Encore faut-il trouver un terrain viabilisé à un prix abordable pour y installer sa maison.

Devenir propriétaire à tout prix

Mais combien coûte une Tiny House ? Comme pour l’immobilier traditionnel, le prix dépend de la qualité des matériaux, de la superficie, de la présence ou non d’une terrasse et d’un auvent ainsi que de l’aménagement intérieur. Les premiers prix oscillent autour de 20 000 € pour une micro-maison et peuvent monter jusqu’à 100 000 € pour une Tiny House premium. Certains constructeurs offrent la possibilité aux acheteurs de réaliser les finitions de leurs maisons eux-mêmes, ce qui permet d’acquérir sa maison à un moindre coût. D’autres professionnels vendent des maisons clés-en-main avec aménagement intérieur sur mesure. D’ailleurs, il n’est pas rare de retrouver ces modèles plus chers utilisés à des fins de guest house et implantés sur les terrains de vastes propriétés.

Autrefois très proche de la roulotte, la Tiny House fait aujourd’hui place à des concepts toujours plus élaborés. Mais dans ce secteur aussi, la tentation de toujours vouloir plus se fait ressentir : maison à étage, superficie de plus de 100 m2... Ceci justement pour répondre aux besoins des sédentaires ne pouvant acheter dans l’immédiat une construction traditionnelle.

Alors marginaux les propriétaires de Tiny House ? Plus tant que ça apparemment. D’ailleurs, le Luxembourg compte une communauté ayant pour but de créer un village entièrement dédié aux Tiny Houses. Reste à voir si la législation permettra au projet de voir le jour.